L’Ouest Canadien

 

 

J’aurais beaucoup aimé vous raconter comment nous avons croisé le chemin de ce superbe ours au pelage blanc, lors d’une de nos randonnées en Colombie-Britannique, mais ce serait abuser de votre naïveté 😇 et voler l’oeuvre du photographe qui a pris ce cliché !
Ce specimen, extrêmement rare, est l’ours Kermode qui n’a rien à voir avec l’ours polaire. Les autochtones l’appellent aussi « ours esprit ». Son pelage blanc serait simplement à l’origine d’un gêne récessif. Sous-espèce de l’ours noir, on le trouve sur la côte centrale de la Colombie-Britannique. Et, c’est en grande partie grâce aux Amérindiens qui cachèrent leur existence que cet ours ne fut pas chassé et pu survivre. Aujourd’hui, c’est une espèce protégée.
Nous avons traversé son territoire, mais ne l’avons, hélas, jamais rencontré. Merci au photographe pour cette terrible photo !😉

Les aventuriers du Gold Rush qui étaient parvenus à franchir le Col Chilkoot ou la White Pass trouvèrent, dans les villages que nous avons traversés, un repos bien mérité avant de poursuivre leur route vers le Klondike.
Aujourd’hui, ces villages semblent survivre grâce au tourisme, certes très saisonnier, et à l’artisanat des natifs.

Carcross (Yukon) :

Territoire des premières nations Tagish, ce village s’appelait autrefois « Caribou Crossing » car des hordes entières de Caribous traversaient chaque année cette région au moment de leur migration.

 

Atlin (Colombie-Britannique) :

Un aller-retour vers ce village en bout de vallée nous fera rencontrer un couple de français, originaire de Lille, en week-end dans la région.
Il y a plus de 20 ans, ils ont quitté le nord de la France pour venir s’installer au Canada. Mais que peut bien amener des Lillois dans cette partie du Canada ? Eh bien, simplement la facilité d’obtenir une license de pilote.
Lui est donc pilote d’avion; il vient en aide aux isolés de ces bouts de terres perdues du nord-est pour notamment les amener vers des hôpitaux. Il avait récemment transporté une dame qui n’avait, jusqu’alors, jamais vu un arbre de sa vie et qui les découvrit, pour la première fois, à un âge bien avancé.
Quant à son épouse, elle est infirmière.

 

Sur la route, nous savourons pleinement les lumières chaudes de fins de journées au bord des lacs où nous bivouaquons.

 

Parfois, nous testons, tout habillés, les eaux cristallines et pures des sources d’eau chaude naturelles. Cela offre l’avantage d’être protégés des maringouins 😅. Pas le courage de sortir les combis de plongée.

Sur la route des Totems, située sur le cours du Skeena et de ses affluents, cinq villages sont encore peuplés de Gitxsan, qui vivent toujours en bordure du fleuve, où fraient chaque année plus de 5 millions de saumons. C’est sûr : leur nourriture est assurée.
D’autres peuples de Colombie-Britannique, tels que les Nishga et les Tsimshian, partagent apparemment une culture commune à celle des Gitxsan : l’érection de mâts totémiques et la cérémonie du potlatch.
Intrigués par ce terme étrange, nous apprenons que le mot « Potlach », d’origine chinook, signifie « donner ».
Lors de cette cérémonie mêlant danses, rites, discours… et qui peut durer plusieurs jours, les invités issus de différents villages sont témoins des biens accumulés par la puissance qui invite et les obligent à distribuer leurs richesses. En s’appauvrissant, les donateurs assoient ainsi leur nom, leur réputation et leur autorité… Sacré sens du partage.

Nous croisons de nombreux totems. Ceux-ci, plus récents, ont gardé leurs couleurs. Mais d’autres, battus par les intempéries, et datant parfois du 19ème siècle, ont souvent perdu leur teinte polychrome.

Une rencontre inattendue et chaleureuse avec un natif nous garde quelques temps à ses côtés. Nous lui achetons un long morceau de bois torsadé, d’une essence particulière.
Mais, le plus difficile lorsqu’on voyage comme nous, c’est justement de stocker des objets un peu encombrant car la moindre place dans notre véhicule est extrêmement précieuse et caser encore un long morceau de bois ne fut pas une sinécure.
Ouf, il est finalement rentré au chausse-pied dans un recoin du « garage ».😓

 

Sur la route 16 et sur quelques autres petites routes, nous croisons d’étranges panneaux : « Girls, don’t hitchhike on the highway of tears ! »
Ce n’est qu’un peu plus loin, lors de la visite d’un petit musée local, que nous comprenons tout le sens de ces « signaux routiers » aux allures plutôt lugubres…
Cet avertissement rappelle qu’un grand nombre de jeunes filles, essentiellement indiennes, ont disparu ou ont été retrouvées assassinées le long de cette route, entre 1969 et 2006.
Et, aucun de ces meurtres n’a pu être élucidé à ce jour. Serait-ce dû au fait que les victimes soient principalement indiennes ???
J’avoue que nous avons traversé des régions où je me suis souvent demandé comment il était possible de vivre là, dans ce « bush » austère, de façon aussi isolée, et que quelques scénarios de films d’horreur m’ont parfois traversé quelque peu l’esprit…Faut dire qu’il y a sacrément matière !
Mais, quand la réalité dépasse soudainement la fiction, on sourrit un peu moins… Barrages de police, délimitation de zones de crimes, recherche d’indices et poursuite de deux jeunes meurtriers fugitifs ont marqué nos esprits sur une portion de route de Colombie-Britannique. Peut-être en avez-vous entendu parler au JT ? Nous sommes passés par là juste trois jours après les faits ! 😱
Inutile de vous dire qu’on a suivi de près les informations locales sur la poursuite des fugitifs.

Un peu plus loin, dans un village indien, nous croisons une « Art Gallery » : c’est sûr, et heureusement, on n’a pas tous la même notion de l’art 🤔

 

Certains lacs sont tellement immenses, parsemés d’ilots, qu’on a du mal à en faire le tour. Alors, le canoë, c’est plutôt sympa !  Vous pouvez suivre la trace des castors qui travaillent sans relâche à consolider leur barrage et leur refuge. La quantité de troncs rongés par ces petits mammifères, ingénieurs avant l’heure, est sidérante.
L’eau du lac est tellement pure qu’on pourrait la boire. Merci à nos sympathiques voisins de bivouacs pour cette photo souvenir d’une belle escapade en canoë.

 



 

 

Alors que nous avions pensé ne plus retourner sur les terres d’Alaska, nous sommes étrangement attirés par le village de Hyder, situé à nouveau sur une fine bande de terre bordant la Colombie-Britannique côté Alaska, juste en face de Stewart encore sur le territoire canadien.
Une rivière, réputée pour voir les ours y pêcher le saumon, se niche dans ce petit hameau bien étrange.
Nous nous engageons donc dans cette vallée menant une nouvelle fois à une frontière avec les USA.


 

Dans ce hameau, où presque tout semble à vendre, la route ne mène nulle part, si ce n’est à une piste de montagne qui conduit elle-même, à un glacier… et à quelques petites mines environnantes qui semblent faiblement exploitées. Il faut donc fatalement en ressortir par le Canada.
Un petit poste frontière subsiste toutefois et, si vous n’êtes pas arrêtés à l’entrée vers les USA, le contrôle est de mise sur le retour vers le Canada : « Pas de drogue, de stupéfiants, d’armes …. ? », nous demande t’on à notre retour. Il faudrait tout d’abord qu’il y ait un magasin qui puisse en vendre, dans ce hameau où tout est presque à l’abandon…

Nous sommes plusieurs à attendre la venue des ours pour les voir pêcher. Ce lieu, appelé Fish Creek, est tellement connu pour ce spectacle étonnant qu’une longue plate-forme de bois a été aménagée, en surplomb de la rivière, par sécurité.
Mais en vain…
Les saumons remontant précocement ces eaux limpides n’ont vraiment pas de quoi se faire de la bile : pas d’ours en vue, malgré plusieurs jours d’attente d’un photographe flamand resté sur place.
La remontée du flot de saumons est vraiment tardive ici aussi cette année. Auraient-ils pris quelques vacances au large d’une mer qui se réchauffe sous la hausse des températures ambiantes ?
En route pour le Salmon Glacier niché tout là-haut ! La piste est un peu chaotique et défoncée par endroit, mais ça passe.
Par contre, à mesure que l’on grimpe, le temps se couvre de plus en plus. Le glacier sera t’il déjà dans le brouillard…?

 

 

C’est y est, c’est décidé : nous rejoindrons la ville de Vancouver en passant par Vancouver Island. Pour cela, nous montons sur le ferry au départ de Prince Rupert. Ce ferry se faufile entre les Fjords étroits d’Alaska et du Canada, jusqu’à Port Hardy, au Nord de l’île de Vancouver.
Sur le site de réservation de la compagnie maritime, il n’y avait plus de place, mais nous tentons la file d’attente au petit port et notre « audace » est récompensée. C’est gagné : notre camion entre pile-poil à la fin du ferry !!!
Une traversée de 16 heures nous attend. Nous nous réjouissons de cette pause bien méritée au cours de laquelle le soleil nous fait enfin de belles promesses.

 

Sur le bateau, nous ferons la connaissance d’un couple de liégeois en vacances, Nathalie et Eddy. Lui est un pêcheur dans l’âme.

Nous sympathiserons bien vite et aurons de bons fous rires tous les quatre. Allez, hissons les couleurs canadiennes pour garder un souvenir et passons à table. Un buffet nous attend. Le vent de la mer, ça creuse !

 

Sur la plage de Port Hardy, le spectacle est amusant : des aigles royaux se délectent des restes de quelques pêcheurs.

-« Eh toi, touche pas à mon « fishsteak », surtout ! »

-« Ok, c’est bon, t’énerve pas ! j’vais voir un peu plus loin… »

 

Nous passerons une journée au bord de la plage, en compagnie de nos amis liégeois, avec lesquels nous fricoterons un bon petit repas poisson. Et le lendemain, nous les retrouverons encore à une terrasse du hameau de Telegraph Cove, à siroter quelques bonnes bières locales. Ben oui, T’es belge ou tu l’es pas… 🍻

 

 

Nous descendons progressivement cette île continentale de Colombie-Britannique longeant la côte pacifique du Canada, du nord vers le sud. Les paysages se succèdent et les bois de sapins sont toujours aussi denses.

Une randonnée dans le Elk falls Provincial Park, près de Campbell River, sera un vrai havre de fraîcheur car les températures ont subitement bien grimpé depuis deux jours et le soleil tape dure.

 

Un petit arrêt avec nos vélos à une distillerie de whisky et de Gin alourdira quelque peu nos sacs, mais on n’a pas résisté un seul instant : le whisky est vraiment fameux et la distillerie, sympa à découvrir.

Situé entre les grandes plages de sable blanc de Tofino et port Alberni (sur Vancouver Island), Giant Grove cache une magnifique forêt de cèdres rouges géants dont le plus haut atteint 71m et impose un diamètre de 4,5m.

 

Nous approchons maintenant le sud de l’île, où se niche la petite ville de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique. Son architecture victorienne et certains de ses jardins rappellent sans conteste son passé colonial britannique.

Ici, dans le port de Victoria, c’est un spectacle perpétuel : hydravions, bateaux privés, bateaux commerciaux et bateaux taxis qui relient les différents points de la baie, se croisent sans discontinuer. Je ne voudrais vraiment pas être l’aiguilleur du ciel ou le gestionnaire de ce trafic portuaire incessant 😨

 

Et voilà, c’est l’heure du ferry pour mettre pied sur le continent.
Nous quittons l’île de Vancouver que nous avons traversée du nord au sud, et en partie d’est en ouest, pour rejoindre Vancouver. Sympa, mais pas transcendant…
Nous sommes heureux car nous allons retrouver nos amis canadiens québécois, Yves et Marie-France, qui nous avaient si chaleureusement accueillis chez eux au début de notre voyage. Ils sont en vacances à l’Ouest de leur immense territoire et nous avons rendez-vous.
En plus, Keith et Anne (nos amis de longue date de Toronto) sont aussi par hasard à Vancouver. Ils attendent leur bateau croisière pour l’Alaska. Comme ils nous suivent sur notre site et savent précisément où nous nous trouvons, ils nous ont contactés et une soirée totalement inattendue se profile à l’horizon !

 

Grande ville en bordure de mer, aux nombreux immeubles pointés vers le ciel, Vancouver a su véritablement nous séduire.
Sous ses apparences de citée gratte-ciel très courue, elle cache de nombreux petits havres de paix que nous avons découverts au détour de nos longues escapades à vélo, le long de sa côte sinueuse. A pied comme à vélo, tout est prévu pour respirer, s’aérer, faire du jogging, flâner., sortir…et tout cela, dans une ambiance vraiment cool. Ses petits restaurants et bars de bord de mer offrent autant de plaisir que ceux de son ancien quartier, Gastown.

La fameuse place du Canada d’où est tiré, chaque année, le feu d’artifices.

 

 

L’aquarium de Vancouver est superbe. On y voit des espèces peu habituelles et elles sont classées par région du globe. Nous avons eu un sacré coup de cœur pour les immenses aquarium de méduses en tout genre.

Voilà, Canada. Nous sommes sur le point de te dire by by.
Tu nous as fait découvrir de magnifiques paysages de lacs et de forêts (parfois trop de forêts à notre goût), de montagnes et de mer. Tu nous a amenés à côtoyer la rudesse d’une vie sauvage que nous sous-estimions quelque peu.
Mais au-delà de cela, tu nous as permis d’apprivoiser progressivement ta culture, si différente de celle de l’Est, ainsi que les spécificités de tes régions.
Nous avons marché sur les traces des amérindiens qui peuplaient autrefois tes territoires reculés. Aujourd’hui, leurs esprits parlent aux oreilles de leurs enfants pour qu’ils se réveillent, qu’ils élèvent leur voix vers le ciel et défendent les croyances ancestrales qui furent trop longtemps bafouées.
Nous avons foulé les routes de la grande ruée vers l’or du 19ème siècle avec le confort du 21ème… Jamais nous ne pourrons vraiment connaître ce qu’ils ont enduré et traversé. Nous pouvons seulement imaginer leur folie.

Merci au sympathique accueil que certains nous ont réservé lors de notre passage à Crescent Beach où nous avons passé deux jours et demi avant le grand retour aux USA.
Nous pensons notamment à John Rose et Eva, qui nous ont remémoré un passage bien connu du poète William Hernest Henley :

« I am the master of my fate, I am the captain of my soul « 

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Eric Leduc
Eric Leduc
5 années il y a

Le moral est revenu après la déception ( relative quand même quand on voit les photos) de l’Alaska ?
Avec un peu de recul, le grand tour en Alaska est-il vraiment trop long par rapport à ce que vous avez vu ?
Trop “into the wild “?
De loin, ça parait fascinant, vraiment désertique par rapport à la Norvège-Finlande où il y a un minimum de monde même en hiver.
Bonne continuation
Eric

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  Eric Leduc

Non, non, ce n’est pas le côté trop « into the wild » qui dérange, mais trop de forêts de sapins à perte de vue, noires et impénétrables, sur des milliers de km pour atteindre ce qui devient un peu plus intéressant à voir…

Moens Marcel
Moens Marcel
5 années il y a

Quel plaisir de vous suivre, mais sans jalousie. C’est déjà merveilleux de tout découvrir au travers des vos images et de vos commentaires! Bonne route!

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  Moens Marcel

Bonjour Marcel,
Tu es un de nos lecteurs assidu et cela nous fait grand plaisir.
Merci.