De village en village

 

 

(Du 26/12/24 au 10/01/25)

Sur notre route, à Zipaquira, se trouve une mine de sel, appelée « cathédrale de sel ». Mais nous optons pour la visite du site de sel de Némocon, non loin de là, tout aussi intéressante et nettement moins religieux, même s’il ne porte pas le nom majestueux de « cathédrale ».
En langue Muisca, ce nom signifie : « sanglot du guerrier ».
Un coeur de sel illumine le fond d’une galerie.  Il s’agit de l’un des plus grands cristaux de sel du monde, trouvé par un mineur (Miguel Sánchez) dans les profondeurs du deuxième niveau. Il aurait passé 3 ans à le sculpter à la main en forme de coeur pour représenter l’amour qu’il portait à sa famille.
« Rodrigues, as-tu du coeur » ? Je ne le sais, mais en tous les cas, c’est ici aussi que les Zipas pleurèrent leur grand guerrier qui avait bien du coeur au combat.

 

Le sel de Viga serait l’un des plus riches en minéraux et possèderait des propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et antioxydantes. Par vapeur ou par contact superficiel avec la zone affectée, il offrirait des bienfaits pour la santé, en particulier pour le traitement de l’amygdalite et des affections respiratoires.

 

C’est ici également que fut tourné durant 3 mois le film « Los 33 ». De nombreux acteurs dont Antonio Banderas, Juliette Binoche et Kate del Castillo racontent l’histoire vraie de l’effondrement, le 5 août 2010, d’une mine de cuivre et d’or au Chili.
Un vrai polar nerveux dans lequel 33 personnes, réfugiées dans un abri à 700 m de profondeur, se retrouvèrent coincées dans les décombres et furent sauvées au bout de 69 jours !

 

Ensuite, nous poussons nos pas en direction du village des potiers, Raquira.

Mais avant cela, nous passons la nuit au pied des Farallones de Sutatausa vers lesquelles nous ferons une ascension à pied l’après-midi de notre arrivée. Dommage que le temps se soit couvert au moment de notre arrivée au sommet car la vue de la haut était franchement très jolie.

 

 

 

Juste avant d’atteindre Raquira, nous faisons un petit arrêt dans un vignoble, assez récent. Cabernet sauvignon et merlot sont les principaux cépages présents. Nous sommes curieux de découvrir le terroir colombien récent…

Une dégustation de 4 verres de vin différents nous confirme qu’ils ont encore sacrément du pain sur la planche !

Raquira, village de potiers aux murs colorés :

Assez kitsch dans son ensemble pour des européens comme nous, le village de Raquira a toutefois gardé les traditions des civilisations précolombiennes aux travers de son artisanat et de ses poteries.
On raconte que ce territoire fut occupé, il y a bien longtemps, par les indigènes de Táquiras, Ráquiras et Mocabites.
Lorsque l’Espagnol Gonzalo Jiménez de Quesada arriva sur ces terres en 1537, il n’y trouva que des cabanes et des terres agricoles où l’on cultivait des pommes de terre et du maïs.
Ce n’est qu’en 1580 que le père Francisco de Orjuela fonda la nouvelle ville.
Lorsque, au milieu des années 1700, la population indigène avait pratiquement disparue, seules quelques femmes restèrent, dévouées à leur métier ancestral, la poterie.

 

 

Sur les hauteurs, petit hameau de potiers.

 

Villa de Leyva :

Il est difficile de ne pas tomber sour le charme de ce grand village de la région de Boyacá qui a su conserver les facettes les plus authentiques de son passé colonial.
Sa magnifique place centrale, la plaza Mayor, est la plus grande de Colombie et l’une des plus impressionnantes que nous ayons vues. Elle couvre 14.000 mètres carrés de sol en pierres.

 

 

Prévoyez de bonnes chaussures pour parcourir ses ruelles entièrement piétonnes car elles ont des pavés très irréguliers.
Cet ensemble, sans voiture, revêt un charme tout particulier.

 

 

Nous y avons rencontré un belge, Bruno, fils d’une connaissance, qui s’est investi dans l’exploitation d’oliveraies. Après un déjeuner partagé ensemble, nous l’accompagnons pour aller visiter le nouveau terrain qu’il est entrain d’acquérir. On y trouve des oliviers abandonnés, vieux de plus de 100 ans, qui font plein de repousses ! Il y a du boulot !

Mais, nous ne doutons pas de son courage et de son énergie. De plus, il semblerait que la terre et le climat colombien soient particulièrement propices à la culture d’olives.

 

 

C’est vraiment très agréable de flâner dans les ruelles piétonnes animées.
Nous y dénichons une succulente boulangerie (Astral) où nous faisons provisions de bonnes choses. Une notion spéciale pour les petits pains au chocolat !!! Cela peut sembler banal pour un belge ou un français mais ici, en Colombie, comme dans la plupart des pays d’Amérique latine, ce n’est vraiment pas facile de trouver de bons pains. Alors pour nous, c’est la fête !
Une chocolaterie locale ne se défend pas trop mal non plus, surtout son chocolat noir à la fleur de sel.

 

 

L’artisanat est également plus élaboré et plus soigné. Difficile de résister. Mais pourquoi s’en priver finalement si ce n’est la place pour stocker …On trouvera ! Cela nous laissera de beaux souvenirs de voyage dans la maison.

 

C’est décidé, c’est ici que nous passerons la nouvelle année. Ça tombe bien, un feu d’artifice est prévu à minuit tapant !

Une heure avant le feu d’artifices, la place centrale était déjà bien remplie. Dès qu’il commence, pas évident d’y circuler !

 

Feu d’artifice (Vidéo du magnifique final – cliquez)

 

Si vous cherchez un restaurant très sympa qui donne l’occasion de reprendre contact avec la cuisine française : Allez Chez Rémy ! La cour intérieure est très sympa et on y a bien mangé.

 

Las Gachas :

Après quelques jours passés à Villa de Leyva, nous partons prendre un peu de fraicheur dans la campagne près de Guadalupe, à Las Gachas, un site naturel unique où l’on peut faire trempette dans les trous naturels plus ou moins grands d’une fine rivière. La couleur rouge des roches en fait un cadre assez joli.

Notre bivouac se trouve sur le sommet d’une butte. Il n’est pas évident mais nous arrivons malgré tout à nous y poser deux nuits.

Notre point de chute suivant sera la village de Barichara.

 

Barichara :

(photos gsm)

Avant d’entrer dans Barichara, nous avions bien étudié scrupuleusement notre parcours car les ruelles sont très étroites, avec des toits et des balcons aux rebords menaçants qui dépassent juste à notre hauteur. En plus, on est rarement seuls à circuler.
Nous avons choisi l’axe principal à sens unique pour atteindre les hauteurs du village où se situe un bivouac bien tranquille.
Tout se passait admirablement bien jusqu’à ce que deux voitures, mal stationnées sur notre gauche, nous bloquent.
Impossible de passer et bien entendu, les usagers étaient en vadrouille. Sinon, ce n’est pas comique.
C’est là que nous avons fait sensation dans tout le village en bloquant la circulation d’une rue très en pente, sous une pluie soudainement battante, un véritable déluge. Les curieux sont arrivés progressivement, puis les flics. Ils prétendaient que l’on pouvait passer; ils ont bien dû se résigner au fait que ce n’était pas possible. Les deux voitures aux plaques de Bogota ont été verbalisées car elles ne pouvaient pas se parquer à cet endroit. Puis nous avons attendu. On se voyait déjà passer la nuit sur place. Au pire, on aurait dormi tout penché.
Ici, pas de remorqueuse pour dégager les lieux. Pour nous et pour le camion de nos amis, quelques mètre derrière nous, impossible de faire demi-tour ou marche arrière pour s’échapper par une ruelle latérale.
Nous avons pris le temps de grignoter quelque chose à l’intérieur.
Le temps s’est égrainé sans que rien n’évolue durant près de 2h…
Soudain, le conducteur de la grosse voiture de tête est arrivé et s’est barré, la queue entre les jambes, avec son PV.
Nous sommes alors passé à quelques millimètres de la petite voiture qui restait et avons dégagé les lieux. Mais le véhicule de nos amis, plus large que le nôtre de 8 cm, ne passait pas. Alors, l’idée de déplacer à la main le petit avorton qui bloquait la voie fut proposée. Des curieux s’y sont mis : ils ont soulevé la voiture avec JP et Luc et l’ont posée à cheval sur le trottoir.
Le deuxième camion a su alors passer.

IMG_0972 (Vidéo situation – Cliquez)

J’aurais bien voulu voir la tête du propriétaire de la petite voiture qui a retrouvé son véhicule à cheval sur le haut trottoir. Il a du se demander ce qui lui était arrivé :-))))).
De notre côté, nous avons appris, deux jours plus tard, par un marcheur, que nous étions passés à la télévision locale. On aurait bien aimé voir l’émission.

 

 

Les maisons coloniales aux murs blanchis à la chaux apportent au village une douceur particulière.
Même si nous y etions durant le week-end avec pas mal de visiteurs (période de grandes vacances pour les colombiens), cette petite ville nous a semblé malgré tout assez tranquille. Cela tombe bien car, en dialecte guanais, peuple indigène qui habitait autrefois la région, Barichara signifie « lieu de repos ».

 

 

Nous sommes allés visiter une toute petite fabrique de cigare, située dans le village même. Le bar qui en fait partie est très sympa.

 

Allez, un pt’it boulon ???

 

 

Sur la place principale se trouve une jolie maison disposant de quelques salles d’expositions d’oeuvres diverses dont certaines ont retenu toute notre attention en tant que bons belges que nous sommes.

 

On s’est vraiment demandé si Gabriel Ortega avait reçu les droits nécessaires de la famille Hergé… En tous les cas, c’est un vrai passionné de notre petit blondinet à la houppette.

Un bon repas dans un restaurant qui sort un peu du commun : Sierra Restaurant !

 

Le lendemain, nous partons à pied, depuis les hauteurs de Barichara, à la découverte de Guane, un tout petit village d’une centaine d’habitants situé dans la vallée. 
La balade est vraiment champêtre et agréable bien qu’il faille faire souvent attention à ne pas se tordre les chevilles sur ce très ancien chemin de muletiers qui reliait jadis Carthagène à Bogota. Mais la plus grande épreuve, c’est la chaleur. Si quelques points d’ombres parsèment notre promenade, le soleil n’en demeure pas moins bien présent. Pour les amateurs, démarrez de bonne heure !
(Aller – retour, la balade fait 16 km avec un bon dénivelé).

Un joli serpent ondule sur le bord du chemin… Heureusement, ce fut le seul !

Arrivés à Guane, nous étions sacrément déshydraté. Pourtant, nous avions emporté de l’eau avec nous.


 

La boisson locale du village de Guane est la chicha, à base de panela et de mais fermenté…  On n’avait pas vraiment kifé quand on a goûté au Pérou. On s’est donc abstenu. Ils fabriquent aussi le sabajón, une liqueur de saveurs différentes comme le citron, maracuya, café… trop sucré à notre goût. Rien de tel qu’une bonne bière bien fraiche !!!

Il est possible de faire la remontée de Guane à Barichara en bus : JP et nos amis choisissent cette option. Encore pleine d’énergie, je me remets seule en route pour l’ascension. Durant les deux derniers km, les plus raides, je me maudis !

Etant donné notre arrivée peu discrète à Barichara  (nous ne souhaitons pas réitérer notre exploit de blocage), nous décidons de quitter la ville le lundi matin de très bon heure, avant le réveil des villageois, en ayant pris bien soin au préalable de repérer un itinéraire adapté à notre gabarit.

 

Canyon de Chicamococha :

 

Après une nuit passée sur les hauteurs du canyon, nous prenons la route pour la grande ville de Bucaramanga.
Nous devons nous y rendre non pas par intérêt pour la ville en soi mais parce qu’il nous faut proroger le TIP (importation temporaire de notre véhicule) qui arrive bientôt à échéance (3mois). Nous avons déjà fait les démarches par internet mais il semblerait qu’il faille confirmer le tout dans la ville choisie sur le net…
Arrivés dans les bureaux de la Dian (douane), pour eux, tout était déjà en ordre. Nous n’avions absolument pas besoin d’autres documents que le mail reçu de confirmation de prorogation. On se serait bien privé de conduire dans cette grande ville, d’autant plus que le lieu n’était guère des plus rassurants !
Enfin, tout est en ordre. On peut donc poursuivre vers le nord… vers la côte des Caraîbes.
Rien qu’à l’écrire, ça fait déjà rêver.

Nous avions enfin quitté les montagnes depuis plusieurs dizaines de km quand nous décidons de faire un détour vers l’est pour aller voir le Parc National de Los Estoraques, situé près de La Playa de Belen.
Ça y est, c’est reparti pour une belle grimpette, des dizaines de lacets et des camions chargés qui se traînent.

Si cette petite Cappadoce colombienne et son joli village totalement hors des sentiers battus méritent bien l’effort fourni, l’endroit a tout de même le désavantage d’être situé dans une des régions les plus affectées par le conflit armé… On se renseigne. Pour l’instant, tout à l’air calme. On y va.

 

La Playa de Belen :

 

Los Estoraques :

 

En quittant Los Estoraques, deux semaines plus tard, nous apprenons, sur CNN, que plus de 80 personnes ont été tuées dans la région au cours du WE du 18-19 janvier 2025 suite à l’échec des tentatives du gouvernement de tenir des pourparlers de paix avec l’Armée de Libération Nationale… On avait bien remarqué la recrudescence militaires en quittant les lieux deux jours plus tard mais jamais on ne s’était imaginés en danger. Ceci dit, les faits ce sont produits davantage dans les montagnes près de la frontière du Vénézuela.

Allez, en route pour Mompox, dernier village avant d’atteindre la côte des Caraïbes.
Au cours de notre bivouac à Aguachica, les pieds dans la rivière pour trouver un peu de fraîcheur, de curieux visiteurs nous observent, tout en sautant de branches en branches par dessus nos têtes. Mais… revoilà nos singes hurleurs !

 

 

 

C’est ici que nous vous quittons.
A bientôt du côté de Mompox et sur la côte des Carïbes !

 

 

 

 

 

 

 

 

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Marcel Moens
Marcel Moens
17 jours il y a

Presque les dernières aventures et l’arc-en-ciel de couleurs avant le gris européen. Profitez-en!

Paul Van der Elst
Paul Van der Elst
17 jours il y a

L’aventure du camion dans le centre ville avec les voitures mal parquées s’étaient déjà produite si je me souviens bien.
Le dénouement était le même.
J’ai bien aimé les photos de cette nature généreuse et accueillante.
Quant à Tintin, connaissant Moulinsart, ils ont dû payer une licence, sans nul doute
A bientôt
Claire et Paul

Martine
Martine
15 jours il y a

Que de belles couleurs ! Ici, c’est le gris à l’infini…Profitez-en bien !
Bisous, Martine

PHILIPPE BAILLY LARTIGUE
PHILIPPE BAILLY LARTIGUE
10 jours il y a

bonjour amis Belges, Suite à notre rencontre sur la plage de Cano Dulce, je prends connaissance de votre blog super intéressant qui me permet de découvrir nombre de coins de Colombie que je ne connais pas, bien qu’ayant vécu à Bogota dans les années 98 et revenant régulièrement à Barranquilla avec Elsa. Mais il est vrai que pendant ces années 96-2000, la violence était omniprésente avec des zones de guérilla peu recommandables pour des étrangers. Fort heureusement la situation s’est bien améliorée depuis ces dernières années. Il y a a Villa de Leyva une galerie de peinture d’un ami, la… Lire la suite »