L’Alaska, terre du « bout du monde » (partie 1)

 

Petit rappel : Vous pouvez toujours cliquer sur chaque photo afin de les visualiser en grand.

Avant de passer la frontière américaine et emprunter l’impressionnante « Top of the World Highway », nous atteignons le dernier village du Yukon (Canada), Dawson City.
Fondé en 1897, ce village n’est alors qu’un simple camp de pêcheurs d’été. Mais, la terrible ruée vers l’or du Klondike de 1898  le transforme littéralement en une ville d’environ 40.000 habitants.

 

Aujourd’hui, à peine 2.000 habitants y vivent encore à l’année.
Non dépourvu d’attraits et d’ambiance, ce village a su préserver les traces d’un passé qui fit palpiter le coeur de milliers d’hommes et de femmes ayant tout abandonné dans l’espoir de trouver, au péril de leur vie, les miraculeuses pépites d’or qui sauveraient les uns de leur misère, et enrichiraient les autres davantage.

 

 

 

Toutes les rues sont encore en terre battue et les trottoirs, légèrement surélevés, sont toujours en bois.

Eh oui, aujourd’hui, c’est le 1er juillet 2019 et ici, comme partout au Canada, on commémore sa création, le 1er juillet 1867.

Vue depuis les hauteurs sur Dawson City

 

Après pas mal d’hésitations, nous décidons finalement de retarder notre passage en Alaska et d’emprunter la Dempster Highway, une piste longue de 737 km qui rallie le Cercle Arctique et les territoires du Nord-Ouest du Canada dont Inuvik et Tuktoyaktuk, sur la côte de la mer de Beaufort.

 

Cette piste, de graviers et de terre, traverse le Parc de Tombstone, ou Ddhäl Ch’èl Cha Nän dans la langue des premières Nations Tr’ondek Hwech’in. C’est une pure merveille, où se dessinent vallées,  pics escarpés, toundra et rivières limpides. Ces montagnes abritent, parait-il, l’un des plus grands troupeaux de caribous au monde.
Nous n’avons pas croisé leur route, mais …

 

 

 

… les ours et les orignaux nous ont presque salués sur notre passage !

Non, celui-ci n’est pas un grizzli, malgré sa couleur fort similaire. Il s’agit d’un ours noir de couleur brune.
La tête du Grizzli est différente, ses oreilles sont plus petites et plus arrondies, sa tête est plus large avec un museau plus court.
Ses griffes mesurent 14 cm, alors que celles de l’ours noir ne mesurent que 4 cm. Bien sûr qu’ici, on n’a pas été les mesurer de près…
Les ours noirs, d’un poids nettement inférieur, sont capables de monter aux arbres, ce qui les protège de leur seul prédateur, le Grizzli, qui ne pourra monter aux arbres que tout jeune.
L’ours noir est essentiellement végétarien. Sa nourriture est constituée à 95 % de végétaux. Ce qui n’est pas le cas du Grizzli qui est omnivore. Plantes, baies, racines, pousses et fougères font partie de son alimentation, mais aussi poissons, palourdes, insectes, petits et gros mammifères.

 

La rencontre de deux rivières, l’une translucide et l’autre, chargée en minerais divers, dévoile un délicat mélange qui semble provenir tout droit du peintre de ces lieux qui y aurait laissé tremper, maladroitement, l’un de ses pinceaux.


 

La route est longue, à l’infini, et si, de tant à autre, la limpidité des rivières nous appellent à la trempette, nous comprenons bien vite qu’il serait périlleux de nous y attarder : les moustiques ont aiguisé leurs aiguillons et ne nous laissent, sauve qui peut, aucun répit !

Heureusement que la pluie n’est pas de la partie car la piste deviendrait terriblement glaireuse et glissante. Elle a la particularité de se trouver au sommet d’un remblai d’un à deux mètres de haut par rapport à la végétation environnante, ceci pour l’isoler du pergélisol (ou permafrost) c.à.d. un sol gelé en permanence, au moins pendant deux ans, et de ce fait imperméable.
A bien regarder les traces, il vaut mieux rouler bien au milieu ! Mais, ce n’est vraiment pas un problème. On ne peut pas dire qu’on se bouscule aux portillons sur cette seule route qui relie le reste du Canada aux territoires du Nord-Ouest. Et, Dieu merci, pas de panne ou de problème mécanique !

 

Après des heures de route, nous atteignons enfin le fameux cercle arctique, latitude 66° 33N ! Une petite photo « pub » pour notre concessionnaire MAN, très professionnel ceci dit en passant, et nous décidons de ne pas poursuivre au-delà, mais de faire demi-tour. Nous dévorons des kilomètres à n’en plus finir depuis que nous avons passé la frontière canadienne et nous n’avons pas encore posé nos « semelles déjà bien usées » en Alaska… où plusieurs milliers de kilomètres nous attendent aussi. Inuvik est encore à plus de 200 km aller d’ici, soit plus de 400 km aller-retour.


 

A la sortie de la Dempster Highway, nous apercevons, sur notre gauche, de gros champignons rougeoyants laissant échapper des colonnes de fumées : de nouveaux incendies font rage dans les parages. Il est temps de s’éloigner.

 

ALASKA, enfin nous voilà.

Un petit bac, sur lequel nous mettons le camion, nous permet de traverser la rivière Yukon en fin de journée.
Nous y croisons un ancien bateau à aubes restauré, essentiel au transport des marchandises de l’époque et efficace grâce à son faible tirant d’eau. Aujourd’hui, il ne présente plus qu’un attrait touristique pour ses passagers.

Enfin, la frontière se profile à l’horizon.

 

 

La premier petit village d’Alaska, peu après la frontière, se nomme Chicken, une sorte de village fantôme, pour ainsi dire inhabité en dehors de la saison touristique (juin-septembre).
C’est assez incroyable de voir combien de personnes passent encore leur temps à chercher de l’or dans les rivières environnantes ou à jouer aux apprentis orpailleurs.
Nous ne ferons que passer.

 

Nous avons hâte de découvrir la blancheur bleutée légendaires des grands glaciers, ainsi que le Denali N.P. et le mont Mc Kinley culminant à 6.190 mètres.

Attirés par la baie de Valdez qui ne tarit pas d’éloges, nous mettons plusieurs jours à l’atteindre, empruntant une très longue route de montagne sans autre issue que Valdez.

Nous le savons bien, nous ne pouvons pas toujours être là au bon moment, et cette fois, ce n’est clairement pas la bonne période : des incendies, que nous avions fort peu subis dans le Yukon, sont terriblement intenses en Alaska en cette période estivale et déposent, dans les airs, un voile permanent qui vous donne l’impression d’un brouillard surnaturel.

Baie de Valdez

 

Ici, à Valdez, comme partout en Alaska côté mer, c’est la pêche qui prime, pêche aux saumons et aux flétans (Halibut) !

 

Une « nurserie », hatchery en anglais qui signifie couvoir, se trouve de l’autre côté de la baie. Chaque année, des milliers de saumons remontent mers et rivières pour venir pondre là où ils sont nés, dans cette nurserie. Les eaux grouillent de poissons et les prédateurs le savent : hommes, lions de mer, otaries et ours se régalent de ce festin si facile à attraper.

 

 

Ensuite, une fois repus par ce festin, ils se vautrent sur les pontons environnants, telles de gros sacs échoués, et poussent d’étranges grognements.


 

Un bateau au départ de Valdez nous emmène, pour la journée, voir l’un des plus grands glaciers des environs.
En route, nous croisons de nombreux bateaux de pêches. On nous apprend que les quotas de pêche viennent d’être ouverts pour cette partie de la mer.
Plus nous approchons du glacier, plus le froid se fait sentir.

En cours de route, nous croisons le chemin d’adorables loutres de mer portant parfois leur petit sur leur ventre, une colonie de lions de mer affalée sur un bout de plage, ou d’autres flottant au large sur quelques blocs de glace à la dérive. Les souffles de quelques baleines passant au large seront, pour leur part, à peine audibles et visibles.

Quant au temps, la seule éclaircie que nous connaîtrons sur la journée est celle qui brillera lorsque nous atteindrons le glacier. On peut dire finalement qu’on a été plutôt « chanceux », comme diraient nos amis canadiens 😉

Au soir, nous nous posons sur la pointe du port de Valdez.
C’est là que nous faisons la connaissance de Matt & Jessica, un jeune couple américain, spitant et sympathique, fou de pêche.
Ils nous offriront un saumon fraîchement pêché du jour et nous partagerons notre repas du soir dans une ambiance bien amicale.
Nos routes seront peut-être amenées à se croiser à nouveau : l’Amérique centrale est aussi leur point de mire, une fois qu’ils seront rassasiés de pêche au royaume des saumons.

La brume du petit matin est dense.
Le ferry menant à Homer, de l’autre côté, ne dispose malheureusement plus de place pour notre camion avant une bonne semaine. Cela nous ferait pourtant épargner des centaines de km… Mais, attendre serait trop long.

Nous quittons donc la baie de Valdez par la seule route de montagne possible, prise à l’aller.
Matt et Jessica nous ont conseillé de pousser la route jusqu’a la mine Mc. Carty et rouler à vélo jusqu’au pied du Kennikott glacier, inaccessible en voiture.
Il s’agit encore d’une vallée sans issue, d’une route qui semble sans fin, et qui vous mène au bout du bout.

C’est là que nous vous retrouverons très bientôt.

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Eric
Eric
5 années il y a

Merci de supprimer mon commentaire précédent, les dessins et drapeaux nationaux qui lui donnaient son sens ayant disparu entre l’Europe et les Amériques !
Bref, c’est bien beau.
Eric

Moens Marcel
Moens Marcel
5 années il y a

Superbe, quel plaisir de vous suivre et de constater que vous aimez le poisson. Ne vous gelez pas les orteils. A bientôt!

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  Moens Marcel
Rul
Rul
5 années il y a

waouah ……que de choses intéressantes !

Profitez bien et continuez à nous faire rêver !

C’est trop beau.

Kiss de Titi et DD

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  Rul

Hello les Ruls, Merci et nous espérons que tout roule pour vous aussi !