De Cochabamba à la bouillonnante La Paz
(du 15/03 au au 28/03/24)
En quittant le P.N. Toro Toro, nous prenons la route vers la grande ville de Cochabamba.
En chemin, nous décidons d’aller voir les Qollqas de Cotapachi, un site qui regroupe 28 silos, construits en adobe et en paille, conformes aux anciens greniers de l’empire Inca. On pense que cet endroit était le plus grand centre de stockage de nourriture de cet empire, avec quelque 2.500 silos servant à stocker le maïs cultivé dans les vallées autour de Cochabamba.
En l’absence de voies navigables et de véhicules à roues, les Incas avaient besoin de ces stockages à proximité des endroits où ils étaient produits.
Dommage que ce site soit laissé quelque peu à l’abandon et sans la moindre information…
La ville de Cochabamba n’est pas foncièrement intéressante pour nous, elle grouille de monde et s’étire sur des km sans grand intérêt esthétique. Un Christ gigantesque, El Christo de la Concordia, est planté au sommet du mont que l’on peut atteindre en téléférique lorsqu’il fonctionne. Pour les plus courageux, ce sera à pieds. Nous n’avons absolument pas été motivés.
Il n’a rien à envier au Christ rédempteur réalisé par le sculpteur boulonnais Paul Landowski qui surplombe la colline du Corcovado à Rio de Janeiro, mais il semble attirer bon nombre de pèlerins et de touristes malgré tout.
Nous profitons des corps de métiers à disposition dans cette grande ville pour réparer la fuite de notre air conditionné : démontage, soudure, remontage, tout est plié en deux heures de temps, en rue au milieu des klaxons sous un soleil de plomb.
Heureusement car nous avons rendez-vous en début d’après-midi avec la psychologue d’un centre pour enfants,
« La Lluvia de Los Angeles » (la pluie des anges), ayant subit d’importantes violences intra-familiales. Certains ont même été témoins de féminicides.
Ce centre est l’un des centres boliviens regroupés au sein d’une importante ONG, « Voces Libres » (Voix Libres), fondée par une suissesse, Marianne Sébastien.
Voix Libres est classée 58e meilleure ONG du monde sur des critères d’impact, d’innovation et de durabilité.
« Une vision innovante avec des solutions qui émergent des enfants eux-mêmes et du siège social ».
Au départ, c’est l’histoire « d’une femme et de 12 enfants, une femme qui partage sa vie depuis plus de 25 ans avec les femmes des mines, des ordures et des rues et leurs enfants en Bolivie… Puis, c’est devenu un gouvernement d’enfants, un gouvernement de jeunes, un gouvernement de femmes… toute une population civile en marche ».
La Fondation Voix Libres est née de ce point de départ. Elle a reçu le prix international des droits humains 2018 et a été élue dans le cercle des 100 personnalités suisses.
« Cette nouvelle démocratie est dirigée par les plus pauvres et essaimé dans une dizaine de pays ».
Pourquoi avons-nous été amenés à réaliser cette démarche, à plonger dans un monde loin des sites touristiques ou des beautés naturelles du pays ? Tout simplement par une amitié belge, travaillant pour mon ancien employeur, avec qui nous restons en contact.
Notre volonté est d’aller plus loin à notre retour en Belgique, plus loin que simplement cette magnifique rencontre d’enfants et d’adultes porteurs d’amour, motivés à se sortir de leurs conditions difficiles.
Notre volonté est de faire connaître cette ONG et d’examiner comment, à notre niveau, nous pourrions apporter notre petite pierre à cet édifice qui nous a profondément touchés.
Nous avons passé une grosse journée en compagnie de ces merveilleux enfants accompagnés de quelques adultes leur servant de guides et pour certains, ayant traversé les mêmes épreuves.
Nous voulions comprendre comment ils étaient organisés, comment ils géraient leur semi-indépendance, leur alimentation, leur vie en communauté, quels étaient aujourd’hui leurs réels besoins.
Nous avons constaté que les bâtiments d’origine subissent l’assaut du temps, la pluie s’infiltre par endroit, certaines vitres sont manquantes, les frigos vieillissent… mais surtout, le besoin en eau potable semble cruel : les enfants souffrent régulièrement de maux de ventre. Un système de purification de l’eau serait un précieux investissement ainsi qu’un soutien en médicaments divers.
Impressionnés, nous avons découvert leur potager, très étendu, leur assurant une alimentation saine et pérenne.
Nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur, chansons et discours plein de gentillesse.
IMG_6337(Vidéo d’accueil des enfants)
Fruits et légumes divers nourrissent la soixantaine d’enfants habitants trois maisons, en fonction de leur âge et de leur histoire.
Plus de 200 poules leur apportent oeufs, viandes et petit retour d’argent.
Les enfants nous emmènent découvrir la maison du silence, un lieu un peu retiré où ils peuvent s’isoler lorsqu’ils ont besoin de recul, de solitude… Un lieu merveilleusement décoré par les plus grands.
Durant notre découverte des lieux, chiens et chats nous accompagnent. Parfois, ce sont d’anciens compagnons issus de la famille d’origine, qui se retrouvent seuls, la maman ayant été assassinée par le papa qui se retrouve en prison…De précieuses mascottes câlines pour ces enfants qui ont perdu leurs repères affectifs familiaux.
Nous quittons les enfants en fin de journée car nous devons encore atteindre un bivouac avant la tombée de la nuit.
Demain matin, nous voulons arriver à La Paz.
La PAZ :
Siège du gouvernement de la Bolivie, la ville de La Paz a pris racine au coeur d’une immense cuvette à la fois encerclée et entre-coupée de montagnes qui lui donne une topographie très accidentée. Entre le centre de la ville situé dans le fond de la vallée et sa voisine, la ville haute, appelée El Alto, il y a un bon 1.000 mètres de dénivelé.
Cette ville surprenante, située dans un canyon créé par la rivière Choqueyapu, couvre 472 km2. Elle offre un circuit de montagnes russes incroyable.
Il s’agit de la métropole la plus haute du monde avec une altitude moyenne de 3.650m. Autant vous dire qu’on a intérêt à être un temps soit peu acclimaté à l’altitude. Quant à la circulation dans la ville, même si nous avons bien usé nos semelles dans ses rues bien en pente, dieu merci, elle abrite un système de transport aérien par câble le plus haut, le plus moderne, le plus propre et le plus étendu au monde : un réseau « téléporté » d’une trentaine de km qui a épargné sacrément notre coeur !
Un camion dans La Paz, ce n’est vraiment pas une sinécure. Nous l’avons toutefois traversée à deux reprises : la première fois fut pour nous rendre au « camping Las Lomas« , un petit terrain mis à disposition par le très accueillant Marcos. Sinon, il y a aussi le parking de l’aéroport, mais c’est nettement moins fun.
Chez Marcos, on rencontre plein de voyageurs de toutes origines (ici, Angleterre, Hollande, Brésil, Allemagne), les uns arrivant du nord du continent, les autres du sud. C’est l’occasion de s’échanger plein de bons plans, de recommandations et de bonnes adresses, mais aussi de partager un apéro !
Nous avons passé une semaine à ressentir les battements de coeur de cette ville hors du commun, passant d’un quartier à l’autre, visitant certains de ses musées et ce, en utilisant abondamment son circuit de téléfériques.
En voici un petit échantillon.
Ici, c’est sûr, va falloir être fin limier pour y entrer…
Ouftiii, où suis-je connecté ? Qui est le magicien électricien de ces lieux 🤯 ?
Bon, un petit tour au marché des sorcières (Las Brujas) s’impose, peut-être pourront-elles nous aider.
Le petit quartier est sympa, coloré, animé mais un sacré bel attrape touristes. Des sorcières, il n’y en a plus depuis bien longtemps et les foetus de lamas et autres mixtures aux pouvoirs relatifs, seules deux toutes petites échoppes en vendent, avec parcimonie…
Nous profitons du quartier de Las Brujas pour aller tester le restaurant Bolivian Popular Food.
Ici, pas de réservation possible. les premiers arrivés sont les premiers servis. Nous y rencontrons Melia et Luis dans la file d’attente avec qui nous sympathisons rapidement durant les 3/4h de file. Elle est française, lui Portugais. Ils vivent tous les deux en France.
Nous partageons finalement ensemble ce repas atypique, aux associations créatives et à la présentation soignée. Toutefois, nous restons plutôt sur notre faim : si les assiettes ont une allure festive, les plats nous ont paru plutôt… fades. Mais bon, le menu changeant toutes les semaines, peut-être sommes-nous moins bien tombés ce jour-là…
A El Alto, nous avons voulu aller à la rencontre des oeuvres de l’architecte Freddy Mamani, fervent défenseur de la culture Tiwanaku. Il aurait tiré son inspiration du site archéologique pré-inca à une centaine de km de La Paz pour composer ses façades.
Ses oeuvres sont disséminées un peu partout sur les hauteurs, pas vraiment faciles à dénicher.
Etrange aussi ces immeubles qui se terminent par une maisonnette sur le toit. Il est vrai que le terrain se fait rare et que la densité de la population ne cesse de croître à une vitesse grand V.
Sur El Alto, deux jours par semaine, c’est jour de marché : ce sont des kilomètres d’échoppes à perte de vue dans les rues.
Rien de tel que le téléférique pour ne pas être pris au piège dans ce capharnaüm.
Quant aux chauffeurs de taxis mini-bus, ils jaillissent de tous côtés, stationnent en double, voir triple files, s’arrêtent sans crier gare, vous coupent la route sans vergogne et jouent du klaxon comme ils respirent… Une route à trois bandes devient une voie à cinq bandes. Ca y est, nous voilà serrés comme dans une boîte à sardines.
Fermez les yeux et imaginez un seul instant Epicureman, là, dans ce ghymkana de fou !
Je peux vous dire que c’était sportif de quitter La Paz, jour de marché en plus 😤 ! Le bon côté des choses, c’est qu’on est au première loge pour le spectacle de la rue.
Vue sur La Paz depuis El Alto :
Avant de quitter La Paz pour rejoindre les rives du lac Titicaca et Copacabana, nous rêvons de parcourir la fameuse Route de la Mort, aussi appelée la Route des Yungas.
Il s’agit d’une très ancienne route bolivienne, toute étroite, bordée d’une pente raide à flan de montagne, longue de
42 km, régulièrement soumise au brouillard et aux fortes pluies… Je vous sens motivés 😂.
Elle fut construite en 1930, avec des pelles et des pioches, par des soldats paraguayens capturés pendant la guerre du Chaco pour relier La Paz à Coroico.
Bien des gens y ont laissé la vie tant en la construisant qu’en l’empruntant… A l’époque, avec le brouillard, la pluie et les glissements de terrain, la route tuait entre 200 à 300 personnes par an.
C’est clair, l’embonpoint de notre monture n’est pas des plus adaptés pour parcourir cette ancienne voie. Par contre, faire une cure d’amaigrissement et tenter la descente à vélo nous plait vraiment bien.
Le départ du minibus de l’Agence Gravity où nous avons réservé, accompagné du guide Noël Revilla, est à 7:30 du matin. La route depuis La Paz est longue pour rejoindre le point de départ de cette ancienne voie. Nous sommes basés dans le quartier de Las Lomas, totalement à l’opposé.
Une nuit en ville s’impose donc pour arriver bien à l’heure.
Finalement, cela tombe plutôt bien car nous avions réservé une table la veille au soir dans le fameux restaurant Gustu, un des 50 meilleurs restaurant d’Amérique du Sud, basé dans le quartier de Calacoto.
Voici un petit échantillon de notre menu dégustation.
Gustu signifie « saveur » en langue quechua. Ce restaurant est né de l’idée de l’entrepreneur culinaire danois, Claus Meyer.
L’établissement faisait partie du réseau de l’ONG Melting Pot Bolivia, en tant qu’école de cuisine pour les jeunes boliviens défavorisés. On y prône la philosophie du km zéro, ce qui signifie que tous les ingrédients proviennent du territoire bolivien. Cette fois, le menu dégustation ravit pleinement nos papilles. Nous y passons une très belle soirée avant le grand plongeon de la « Mort » 😋 .
La descente de la route de la mort :
Après une mise en jambe sur du macadam de plusieurs km, nos bicyclettes atteignent le départ de la voie étroite qui plonge au coeur d’une végétation humide, dense et luxuriante.
C’est parti !
En chemin, nous croisons un monument à la mémoire des défenseurs de la démocratie qui ont été assassinés ici, dans cette vallée, dans les années 40′.
Notre guide nous explique qu’ils avaient le choix d’être tués par balles ou jetés dans les profondeurs des « abysses ».
🤔 Glups, je n’arrive toujours pas à me décider….
En fin d’après-midi, nous atteignons Coroico où se trouve le refuge animalier, la Senda Verde, une organisation dédiée à l’éducation environnementale et au soin des animaux sauvages malades, maltraités ou abandonnés.
C’est là que nous abandonnons nos bicyclettes pour pénétrer dans le domaine et y recevoir un repas.
Après deux bonnes heures sur place, nous remontons dans notre petit bus qui met un peu plus de 2h30 pour rejoindre La Paz par une route de crête, longue et sinueuse et bien souvent chaotique.
C’est à la tombée du soir, vers 20h, que nous rejoignons enfin la ville, secoués mais heureux de cette expérience au coeur d’une nature luxuriante.
A bientôt sur les rives de l’immense Lac Titicaca assurant la frontière avec le Pérou.
Superbes rencontres, magnifiques couleurs, découvertes majestueuses, en espérant que vos mollets se sont remis de la « route »!
merci pour c’e beau reportage !
c’est comme si j’y étais aussi !
kiss
Superbe Ah, l’amour du vélo
Hello les amis,
Magnifique ce projet concernant cette ONG.
LA PAZ très surprenante et finalement intéressante à de multiples égards.
Des rencontres enrichissantes et précieuses.
Des photos à couper le souffle et une belle balade à vélo…
Tous les ingrédients d’un excellent carnet de voyage…
Donc bravo et merci encore de nous faire partager ce vrai périple.
Biz à partager
Colette et Alain