Argentine : Allons saluer les ancêtres, Perito Moreno et Fitz Roy

(du 2/01/23  au 11/01/2023)

Le PARC NATIONAL DES GLACIERS : PERITO MORENO (entrée sud) & FITZROY (entrée nord)

Pour la remontée depuis Cabo Virgines vers El Calafate, nous reprenons la même piste en sens inverse, vous savez, celle pleine de nids de poule et de taules ondulées … En réalité, pour les « puristes », il s’agit du tout début de la fameuse Ruta 40 qui commence au phare de Cabo Virgines.
Puis, nous rejoignons la petite ville de Rio Gallegos pour y faire les pleins d’eau, de carburant et de nourriture.

Un vent terrible se déchaîne dans la station service et fait envoler tout le contenu d’une boîte que nous récupérons à la hâte.
Ca promet !
Nous décidons de poursuivre malgré tout jusqu’à El Calafate sous ce vent violent. Il nous assaille, sans discontinuité, de ses rafales allant certainement jusqu’à 120 km/h. Pas d’abris en vue à des km à la ronde. Tant pis, on s’accroche !

A mi-chemin, on apprend que la route à la sortie de Rio Gallegos a été fermée aux motorhomes et aux camions : trop dangereux.
Et nous, nous sommes passés probablement une petite 1/2 heure avant la fermeture…
C’est vraiment impressionnant.
Eole se déchaîne comme un fou furieux (comme souvent en Patagonie d’ailleurs) mais cette fois, rien ne l’arrête : pas de montagne à proximité, pas d’arbre, juste un immense territoire aride battu par son souffle puissant. La poussière de terre desséchée se soulève et forme des tourbillons de plusieurs mètres de haut dans les airs. On dirait des micros cyclones.

Lorsque nous nous approchons d’El Calafate, le vent commence un peu à s’atténuer : c’est l’effet des montagnes qui se rapprochent et constituent un obstacle au vent venant de l’ouest, côté Chili.
La route qui descend sur El Calafate est belle. Nous nous réjouissons d’arriver.

 

 

On pénètre dans El Calafate, située à l’Ouest de la Route 40, sous un soleil magnifique.
Il s’agit d’une toute petite ville, très touristique qui draine énormément de monde en cette période estivale pour les Argentins et Chiliens. Beaucoup de voyageurs étrangers arpentent également la rue principale à la recherche d’un bar, d’un resto ou d’un tour opérateur qui pourrait les emmener jusqu’au Perito Moreno et leur vendre un tour en bateau au pied du glacier ou une expérience de trek sur glace.
Nous hésitons fortement… La tentation est grande.
Finalement, en prenant un verre en terrasse avec un couple d’italiens, nous apprenons que le système de passerelles multiples situées à différents niveaux de hauteur par rapport au glacier est tellement bien conçu que nous aurons tout le loisir de l’observer sous toutes ses coutures.

 

 

C’est parti ! En route. Le fameux Perito Moreno se situe encore à environ 80 km à l’Ouest de la ville.
La route est tellement belle qu’on ne les sent même pas passer.

 

Laguna Nimez, en bordure d’El Calafate, magnifique réserve d’oiseaux.

 

 

 

Nos bivouacs sont principalement « sauvages » mais le camping Lago Roca, situé au bord du lac, est vraiment très sympa.
Les emplacements sont vastes, arborés, aérés et très bien entretenus. Et les propriétaires, charmants.
Quant à la vue sur les glaciers en face, elle vaut le coup d’oeil.
Nous nous y sommes posés deux jours après avoir été au Perito Moreno. En soi, c’est une bonne base pour aller visiter le glacier.

 

 

GLACIER PERITO MORENO :

Le voilà enfin sous nos yeux, grandiose, criant et craquant de beauté, nous subjuguant de sa superbe.

 

 

Son front mesure 3 km de long sur 5 km de large. La hauteur de glace émergée à son point le plus haut avoisine les 70 mètres. Quant à sa superficie totale, elle couvre 250 km2.
C’est un des rares glaciers de Patagonie (dans la province de Santa Cruz) qui n’est pas en régression. Sa constante avancée, jusqu’à 2 mètres par jour (eh oui, vous avez bien lu) le rend véritablement exceptionnel. Aujourd’hui, alors que la plupart des glaciers dans le monde reculent significativement chaque année, le Perito Moreno est considéré comme stable au niveau de sa surface.
Il fait partie des 10 plus grands glaciers au monde et se trouve en 7ème position, le premier étant le glacier Lambert en Antarctique, d’une superficie de plus de 40.000 km2. Il représenterait à lui tout seul plus de 8% de la glace présente dans l’Antarctique !
Nous avions été voir le glacier Grey au Chili,  dans le P.N. Torres del Paine. Il s’agissait du plus grand glacier d’Amérique du Sud. Ses 270 km2 le place juste avant le Perito Moreno, en 6ème position.

 

 

 

D’énormes blocs de glace se détachent par période du glacier et flottent sur les eaux laiteuses turquoises.

 

 

 

 

Autrefois, il y avait une grande arche de glace reliant la terre ferme. Mais cette dernière – c’était attendu – s’est effondrée complètement le 12 mars 2018, lors d’une tempête qui a malheureusement empêché les touristes d’assister au spectacle.
En visitant le Glaciarium à El Calafate, un musée très intéressant sur le monde des glaciers, nous avons pu visionné un film reprenant notamment les différentes phases de la disparition de l’Arche. La rupture et le détachement de gigantesques blocs furent spectaculaires !

Nous y avons appris que plus de 97% des glaciers de la terre sont situés en Antarctique, au Groenland et en Arctique.

J’ai trouvé cette répartition intéressante :

Antarctique : 86,1%   (13.807.000 km2)
Groenland et îles de l’Arctique : 11,8%   (1.899.300 km2)
Asie : 1,1%   (174.400 km2)
Amérique du nord : 0,8%   (124.000 km2)
Amérique du sud : 0,15%   (25.500 km2)
Europe : 0,42%   (6.725 km2)
Océanie : 0,0075%   (1.163 km2)
Afrique : 0,0005%   (6 km2)

 

 

Ce fut une journée incroyable, une journée entière à observer le soleil et les nuages jouant à cache-cache sur ses arrêtes, ses crevasses et ses tombants vertigineux. Nous l’avons écouter craquer, crisser, rugir. Nous avons vu des blocs entiers faire le grand plongeon dans un fracas puissant.
Nous l’avons regardé aussi en silence, avec beaucoup de respect !

 

El Calafate se situe au bord du Lago Argentino, la plus grande réserve d’eau potable de l’Argentine.
Sa superficie de 1.560 km2 en fait le plus grand lac d’Argentine et le troisième plus grand lac d’Amérique du sud. Ses eaux proviennent de différents glaciers et de rivières qui naissent des champs de glace de Patagonie méridionale.

 

Pour aller saluer le deuxième ancêtre, FitzRoy, nous contournons, durant de nombreux kilomètres, le Lago Argentino, d’un exceptionnel bleu turquoise.

 

 

L’approche d’El Chalten, la petite ville où se trouve le fameux FitzRoy, est incroyablement belle, sur des kilomètres; un vrai régal pour nos pupilles.

 

 

 

 

Là, peinards dans notre camion, nous ne savons pas encore que pour aller saluer Fitz de plus près, nos muscles vont chauffer
à vif : marcher 26 km au total et grimper quelques 750 mètres de dénivelés, dont les 350 derniers mètres bien raides dans la caillasse, on n’avait pas vraiment anticipé. 😱
Mais que ne ferait-on pas pour cocher un point de sa terrible « bucket list » !
Je me suis revue dans la même souffrance, si pas pire, que celle endurée pour monter à la base des tours de Torres del Paine. Juste un peu plus d’arrêts pour reprendre mon souffle.
Juste trop de gens dans la même galère, telle une énorme colonie de fourmis à l’ouvrage pour atteindre le sommet d’une gigantesque butte.
Juste une descente vraiment casse-pipe.
Juste que j’aurais dû me lever beaucoup plus tôt pour entamer cette sacrée ascension !

Tel fut le prix à payer, mais la récompense finale fut vraiment, une fois de plus, à la hauteur ! Merci Fitz !

En chemin :

 

 

A l’arrivée, au pied du FitzRoy :

Difficile de rendre véritablement toute l’atmosphère du lieu entier. c’est tellement étendu. Posée là durant une bonne heure, j’ai admiré les jeux de lumières incessants sur le lac et les roches et les vapeurs de nuage vagabondes.

 

 

 

 

 

Une deuxième trek, plus facile mais d’une distance de 22 km tout de même depuis notre parking, nous conduit à la Laguna Torre, avec vue sur le majestueux Cerro Torre. Les 3-4 premiers km sont plus ardus; ça grimpe pas mal, plutôt en montagnes russes. La suite plus plane est facile.

 

 

Après avoir enchaîné ces deux grosses journées de trek et une première journée juste avant de 18 km, nous avons accueilli un jour de repos entier avec allégresse !
Mais, c’est cela El Chalten : il faut marcher pour voir. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle la capitale nationale du trekking…
Ce n’était pas pour nous déplaire en tous les cas, surtout avec le soleil comme compagnon.

 

El Chalten vue de haut avec notre camion en tout petit sur le parking du bas à droite

 

Connu comme le capitaine du célèbre HMS Beagle, Robert FitzRoy fut chargé de missions hydrographiques et cartographiques en Terre de feu (1828-1830).

Grand explorateur argentin du XIXème siècle, naturaliste, botaniste, biologiste, anthropologue, homme politique, Francisco Pascasio Moreno, surnommé Perito Moreno, découvrit le Cerro Chalten qu’il nomma mont FitzRoy en hommage au commandant du HMS Beagle. En hommage à tout ce que Francisco Moreno entreprit, un glacier, une localité et un parc national de Patagonie portent aujourd’hui son nom.

 

Le Parc National des glaciers gardera une place de choix dans les tiroirs de notre mémoire. Puissions-nous aisément les rouvrir  par temps gris et pluvieux lorsque nous serons de retour dans notre microscopique Belgique.

Mais, avant cela, tant d’autres lieux sont encore à découvrir. La Ruta 40 est encore longue.
Alors, à la prochaine !

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13 Commentaires
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rul
rul
1 année il y a

Sublime !

Vous avez très bonne mine!

Bisous

Walter morgera
Walter morgera
1 année il y a

AMIGOS NOS ENCANTO LOS FOTOS, HERMOSOS LUGARES SALUDOS DE MAR DEL PLATA, LOS QUEREMOS, A SEGUIR CAMINO.

Moens Marcel
Moens Marcel
1 année il y a

Impressionant! Keep going strong and enjoy!

Marc & Geneviève
1 année il y a

Photos superbes, récit intéressant, merci pour toutes les informations et le partage. Bonne route

Marc & Geneviève
1 année il y a

Merci pour le partage et bravo pour les photos

verodethier@gmail.com
verodethier@gmail.com
1 année il y a

On se régale toujours autant à vous lire.
Les photos sont magnifiques.
Besitos les zamis

Eric Leduc
Eric Leduc
1 année il y a

bonne route et bonne année voyageuse

marie
marie
1 année il y a

Toujours aussi fascinant ce récit! et les photos, à couper le souffle! On s’est raté dimanche, on réessaye dès que vous avez du réseau! On pense bien à vous et vous embrasse!

ALCOL
ALCOL
1 année il y a

Sujet ô combien glaçant…
Mais au final la montagne ça nous gagne !!!
Biz et bons treks.
Colette et Alain

Nanou
Nanou
1 année il y a

Quand on souhaite « bon vent ! » à des voyageurs, on n’imagine pas forcément une telle force que celle décrite dans ce sujet ! Je ferai attention la prochaine fois que je le dirai !
Et quel bonheur de voir ces glaciers et le majestueux Fitz Roy !